Oto Découverte de Baptiste #4 : Le nouvel album d’Agnes Obel « Citizen of Glass » (2016)
Présentée par Baptiste Dubois
A partir du mercredi 23 novembre 2016
A écouter chaque mardi & jeudi à 8h et 18h ; mercredi & vendredi à 7h et 17h et le week-end à 12h
Pour cette nouvelle formule d’Oto Découverte avec Baptiste, découvrez un nouvel album et un avis (celui de Baptiste).
Agnes Obel, la chanteuse danoise au style unique (folk & classique)
« Citizen of Glass » (sorti le 21 octobre 2016), est le troisième album d’Agnes Obel.
Retrouvez la critique de Baptiste sur ce nouvel album d’Agnes Obel, disséqué pour vous, titre après titre.
1. « Stretch your eyes » nous offre une belle entrée en matière dans l’univers envoutant et ténébreux da la chanteuse danoise. Orchestration aux petits oignons, voix suspendue, rythme millimétré. On entre de plein fouet dans l’un de ces tableaux oniriques et voluptueux qu’Agnès Obel sait si bien inventer. Un premier titre impeccable.
2. « Familiar » est entêtant dès sa première écoute par sa mélodie savoureuse. Les couplets sont interprétés avec la douceur habituelle, mais c’est sur le refrain que nous partons pour un voyage encore plus lointain avec cette voix d’homme reprenant le ton et la mélodie d’Agnes plus intensément. Encore une fois techniquement réussi, avec un texte également travaillé. Pour finir, un final au violon superbe et le premier single de l’album était tout trouvé.
3. « Red Virgin Soil », titre instrumental d’à peine trois minutes, permet de faire une parenthèse sans voix dans cet album. Les violons s’entremêlent dans ce morceau aérien, un poil simpliste. Mais à ce jeu-là, Agnes Obel sait y faire. A raison de quelques vibrations acoustiques, elle créé avec deux bouts d’instruments et une rythmique d’écolier un univers minimaliste qui nous entraine dans un voyage inconnu où l’espièglerie nous emporte.
4. « It’s Happening Again», offre une nouvelle vision surréaliste tout en velours du talent de la chanteuse. Piano en fond, puis violons pour accompagner, la voix douce et sucrée d’Agnes parcours le morceau avec élégance et pureté. Comme attiré en plein rêve, l’auditeur est amené à être attentif à chaque mot, chaque note et à chaque instrument entrant ou sortant. Enchanteur, charmant et envoûtant à la fois. Et encore, ça ne se décrit pas vraiment, ça s’écoute et se vit.
5. « Stone », morceau au texte une nouvelle fois poétique et sensible, fait la part belle à la voix d’Agnes Obel. Ici, quelques arpèges de guitare et puis sa voix, toujours douce et délicieuse. Et cette impression que la chanteuse souhaite parler avec notre esprit, notre âme. C’est intimiste et dépaysant à la fois. Peut-être pas le titre le plus construit, mais force est de constater qu’il fait mouche.
6. « Trojan Horses », démarre avec un ton inquiétant, un piano bien présent et un violon en filigrane. On se croirait comme perdu à l’intérieur d’un immense manoir hanté, où l’on découvre peu à peu les murs et les meubles qui apparaissent derrière un épais brouillard. Toute une histoire. Chacun aura la sienne. Cela parle encore à notre imaginaire avec des paroles qui font tout pour nous perdre ou nous gagner, au choix. La voix de la chanteuse se fait plus grave, moins pure. Le tout reste techniquement propre mais la mélodie nous enrôle un peu moins qu’à l’accoutumée et le ton plus bas de la voix est moins accrocheur.
7. « Citizen Of Glass », le morceau éponyme de l’album, est une courte envolée piano-voix intimiste. Manquant quelque peu de corps, la chanson, trop courte, va clairement à l’essentiel. Mais elle oublie de nous emmener avec elle car la magie habituelle n’opère pas vraiment. Dommage.
8. « Golden Green », deuxième single de l’album, se démarque par une orchestration plus forte. La voix d’Agnes Obel est toujours aussi cristalline et le côté relativement plus rythmé du morceau est bienvenu (cela reste assez lent tout de même). Chaque instrument se distingue parfaitement et l’on se laisse bercer par ce qui semble être un xylophone. Le morceau est sans doute le plus original de l’album, tout en étant à la fois représentatif de l’univers si particulier de la danoise. L’hameçon sonore fabriqué est efficace et on se laisse une nouvelle fois volontiers embarqué dans cet océan onirique.
9. « Grasshopper » est un deuxième titre instrumental, une nouvelle parenthèse dans ce voyage voluptueux. Le morceau est plaisant, presque mystérieux par moments. Il faut encore une fois se laisser porter et surprendre, dans ce paysage un coup intime, un coup angoissant. Une peinture à dessiner dans notre esprit en duo avec l’artiste.
10. « Mary », est le dixième et dernier titre de l’album, une nouvelle composition piano-voix intimiste où la chanteuse reprend une nouvelle fois sa plume de poète. Lumineuse et apaisante, la voix s’accompagne de chœurs et nous berce encore plus profondément que d’ordinaire. Voudrait-elle définitivement nous perdre –avec délicatesse- dans son univers ? Au vu du final, vraisemblable.